Bâtiment remarquable à Strasbourg :
Les Paquebots du quartier suisse
Les adresses : rue Berne – rue Jacques Peirotes – rue Saint-Gothard, 67000 Strasbourg
Le quartier : Krutenau
À Strasbourg, le quartier suisse offre plusieurs trésors d’architecture.
Délimité par la place d’Austerlitz, la rue de Lucerne, le quai du Général Kœnig et la rue de la Brigade Alsace-Lorraine, le périmètre que nous, Strasbourgeois, appelons « quartier suisse » est situé au sud-ouest du quartier Krutenau. Il est dénommé ainsi, car un grand nombre de ses rues portent un nom de ville suisse… Tout simplement.
L’histoire
Le quartier suisse de Strasbourg a été initié par l’Empire allemand au début du XXe siècle. Il devait constituer une extension de la Neustadt, avant que la Grande Guerre ne vienne retarder le projet. De fait, quelques bâtiments ont vu le jour avant 1914, mais la majorité du secteur a été construite dans les années 30, en suivant le plan initial.
Pour en savoir plus sur la Neustadt à Strasbourg, son histoire et sa dynamique actuelle, consultez notre article : Pourquoi vivre à la Neustadt.
A Strasbourg : Art déco et style Paquebot
Les productions de Tim Helmlinger et Eugène Rohmer
Dans ce contexte historique, ce sont deux courants architecturaux qui traversent le quartier suisse de Strasbourg.
On retrouve un courant Art déco initié dans la lignée de l’après-guerre. Mais le mouvement moderne, pur produit des années 30, est le plus représentatif du quartier.
Les fameux immeubles Paquebot en sont les vitrines.
Construits par (entre autres) les architectes Tim Helmlinger et Eugène Rohmer, ces bâtiments emblématiques du quartier suisse offrent de longues lignes horizontales, contrastées par des bords arrondis. Ils sont ornés de balcons et de grandes baies vitrées. Leurs structures supérieures apparaissent en surplomb des rez-de-chaussée, donnant une impression de bâtiments imposants flottant sur l’eau, tels des bateaux en plein cœur de Strasbourg… D’où leur nom d’immeubles Paquebot.
Un style mêlant l’Art déco à l’univers des croisières
Il faut savoir que le style Paquebot n’est pas né des architectes strasbourgeois. Il est apparu aux États-Unis, dès le milieu des années 20. Ses principes fondateurs reposent sur l’Art déco, tout en promouvant de grands ensembles. Les lignes horizontales et les angles arrondis sont les éléments les plus représentatifs, en inspiration directe de la forme des bateaux de croisière de l’époque. On retrouve également sur les immeubles Paquebot de nombreux ornements inspirés de l’univers de croisière : les fenêtres en hublots, les balcons en enfilades, les grandes baies vitrées
En France, ce sont les transatlantiques de l’époque comme l’Île-de-France (inauguré en 1926) ou le célèbre Normandie (1932) qui ont inspiré nos architectes.
Immeubles Paquebot rue de Berne
7 rue de Berne
À l’angle de la rue de Soleure, Strasbourg accueille l’un de ses immeubles Paquebot les plus connus. Il s’agit de l’immeuble situé 7 rue de Berne.
Conçu par Tim Helmlinger et édifié par l’entrepreneur J. Nuss entre 1934 et 1935, ce bâtiment strasbourgeois est traversé par un courant moderniste typique des années 30. La façade est épurée. Les lignes sont droites. La structure Paquebot est facilement reconnaissable avec les étages « posés » en surplomb du rez-de-chaussée et un avant-corps arrondi rappelant la proue d’un bateau de croisière.
Un vitrail réalisé par la Maison Ott Frères est situé entre le rez-de-chaussée et le premier étage.
6 rue de Berne
Juste en face, un immeuble Paquebot a été conçu par l’architecte Eugène Rohmer. Il a été édifié entre 1936 et 1937, sous la maîtrise d’œuvre de la société Barthelmebs Frères. Il est situé 6 rue de Berne.
Ce bâtiment présente le même type de façade Paquebot : droite et imposante, avec une structure supérieure en surplomb et des contours arrondis.
On retrouve quelques ornements Art déco au niveau de l’imposante porte d’entrée et des linteaux des fenêtres.
Un B apparaît sur la porte, faisant référence à la société Berna, commanditaire de l’immeuble.
Immeuble Paquebot rue Jacques Peirotes à Strasbourg
Un autre immeuble Paquebot a été conçu par Tim Helmlinger entre 1935 et 1936. Il est situé 15 rue Jacques Peirotes à Strasbourg, à l’angle de la rue de Bienne.
Là encore, l’effet Paquebot est immédiat avec l’accentuation des lignes horizontales, les corniches entre certains étages, les baies vitrées en haut de l’immeuble et, comme d’habitude, la partie supérieure en surplomb du rez-de-chaussée, donnant cette impression d’un bâtiment flottant.
La porte d’entrée offre une touche Art déco. Faite de verre et de fer forgé, elle se compose de formes géométriques imbriquées avec une poignée dorée.
Immeuble Paquebot rue Saint-Gothard
Un autre Paquebot emblématique fait son apparition dans le quartier suisse en 1937. Situé 10 rue Saint-Gothard, ce bâtiment de 6 étages est l’œuvre de l’architecte Victor Hommes. Il a été réalisé par la société « Rue Saint-Gothard ».
Aujourd’hui, ces différents immeubles sont à usage résidentiel. Ils sont composés d’appartements allant du T1 au T4, avec ou sans extérieur. Ils sont situés dans un quartier en plein essor, très apprécié des Strasbourgeois, à deux pas de l’hypercentre.
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Pour aller plus loin…
Les biographies
Eugène Rohmer (1905 – 1982) est, avec Tim Helmlinger, l’un des premiers élèves de l’École Régionale d’Architecture de Strasbourg (inscription en 1922). Les bâtiments qu’il a conçus sont principalement situés dans le quartier suisse, mais on retrouve aussi certaines de ses constructions boulevard d’Anvers, avenue Jean Jaurès ou encore rue Massenet à Strasbourg.
Tim Helmlinger (1901-1952), camarade de promotion d’Eugène Rohmer, est à l’origine de nombreuses productions à Strasbourg : des immeubles, des villas, des églises, des bâtiments publics et même la Cité-Jardin de la Robertsau. Son fils, Wilfred Helmlinger, a rédigé sa biographie.
Victor Hommes (1896-date de décès inconnu) n’apparaît pas dans le dictionnaire des architectes de Strasbourg. On le retrouve dans l’annuaire professionnel de la ville entre 1936 et 1943. Quatre constructions portent son nom. Elles sont situées à Strasbourg : 3 place de Zurich, 43 boulevard d’Anvers, 6 et 10 rue Saint Gothard.
Les sources :